Deux ans et demi après sa prise de fonction, Bruno Genesio continue de livrer un combat quotidien pour sa légitimité. L’entraîneur lyonnais, détesté sur les réseaux sociaux et plus ou moins hué lors de l’annonce de son nom au Groupama Stadium, peut toutefois compter sur son président, Jean-Michel Aulas pour le soutenir. L’heure du bilan sonne aussi l’heure du choix pour le patron de l’OL concernant l’avenir de Bruno Genesio. Pour le moment, on se dirige vers un maintien du staff actuel…
Samedi 19 mai. Groupama Stadium. 23h00. L’Olympique Lyonnais vient de s’imposer 3 buts à 2 face à Nice, et se qualifie pour la phase de groupes de la Ligue des Champions grâce à sa troisième place finale. Mais, au stade, l’heure n’est pas vraiment à la fête. Si la musique de la Ligue des Champions résonne dans le Groupama Stadium, la ferveur qui l’accompagne est loin d’être identique à celle connue lors des deux dernières qualifications pour la plus prestigieuse des compétitions. Surtout, les deux virages sortent des banderoles. Au Sud, les supporters déploient une banderole qui fait écho à celle sortie l’an dernier, « toujours rien à fêter ». Une banderole jugée scandaleuse par le président Aulas, qui dit l’avoir fait enlever. Au Nord, les supporters attaquant frontalement Genesio et Aulas, sans pour autant tenir des propos injurieux. L’amour de Bruno Genesio pour l’OL est loué tout en l’invitant à « tourner la page », tandis que le président Aulas est invité à arrêter de tweeter et à « revenir à la raison ». Ambiance tendue, à laquelle les joueurs répondront quelques minutes plus tard, en portant en triomphe leur coach, Bruno Genesio.
Mais le message est passé, et une étape a été franchie. Pour la première fois, le principal groupe de supporters de l’OL réclame le départ de Bruno Genesio. Dès lors, comment imaginer la suite ? Pour le coach comme pour le public, il sera impossible de faire comme si rien ne s’était passé. Une fracture est née, officiellement, entre l’entraîneur et son public. Dans l’hypothèse, la plus probable à l’heure actuelle, de voir Genesio poursuivre sa route avec l’OL, les rapports supporters-joueurs/dirigeants, déjà tendus à plusieurs reprises ces derniers mois, pourraient être bien froids…
La contestation virtuelle est désormais réelle
Principalement contesté par les réseaux sociaux, Bruno Genesio a toujours été défendu par son président. Avec une ligne de défense très simple : les résultats sont bons, la contestation vient de faux supporters sur les réseaux sociaux. Cette fois, cela ne vient ni des réseaux sociaux, et encore moins de faux supporters. Quand le poumon du stade se met à gronder, le président se doit d’écouter. Et même si, en zone mixte, Jean-Michel Aulas trouvait les banderoles « injustes », elles témoignent d’un profond ras-le-bol des supporters lyonnais. Et la troisième place n’y change rien. L’OL a enchaîné sa sixième saison blanche consécutive, et n’aura pas réussi à faire vibrer ses supporters en dehors des gros matchs de championnat. Surtout, le problème du jeu et la capacité du collectif à se montrer plus fort que les individualités est restée une interrogation toute la saison. Qualification en Champions League acquise, l’OL doit passer un cap. La question d’un nouvel entraîneur se pose forcément…
Des supporters, pas des consommateurs
Non, Bernard Lacombe, les supporters ne se tairont pas, mais supporterons. Que reprocher au public du Groupama Stadium cette saison ? Même dans les moments les plus difficiles, au coeur de l’hiver, avec les défaites en championnat et l’élimination face au CSKA, les supporters n’ont jamais lâché l’équipe. Seules quelques banderoles, pas bien méchantes et jamais à visée personnelle, ont été déployées. Mais ils ont toujours joué leur rôle de douzième homme à merveille. Alors forcément, ils ont un avis. Et si celui-ci peut déranger le club, il n’en reste pas moins légitime. L’écoute et le respect sont la moindre des choses. Si personne n’a la prétention de donner des leçons de gestion de club au président Aulas, personne non plus ne peut donner la leçon à des supporters n’ayant jamais rien lâché, et souhaitant à l’OL de retrouver les moyens de ses ambitions. Les fans du club ne demandent qu’à être écoutés.
Et visiblement, voir Bruno Genesio sur le banc lyonnais la saison prochaine ne fait pas partie de leurs désirs. La fracture est désormais ouverte. L’OL, et Bruno Genesio en premier lieu, n’ont que peu d’arguments pour contrer ceux des groupes de supporters. Seul l’avenir nous dira si les messages portés publiquement ont eu un impact sur les choix sportifs du club. En attendant, une chose est sûre, le lien de confiance qui unissait plus ou moins Genesio à son public s’est officiellement rompu samedi. Officieusement, il s’est sans doute brisé depuis quelques mois. Les supporters ont pourtant attendu le dernier coup de sifflet final de la saison pour se livrer. Encore une belle preuve de l’honnêteté et de la bienveillance à l’égard du club…
– Je vais prolonger Génésio pour 5 ans.
– Mais les supporters ne veulent…
– Désolé, j'ai les Beats By Depay dans les oreilles, je n'entends rien. pic.twitter.com/19h5OprGJg— Winamax Sport (@WinamaxSport) May 20, 2018
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