Dans un match un peu fou où, après avoir été mené 0-1, l’OL aura rejoint les vestiaires en menant 3-1 ; avant de s’écrouler en seconde période (3-3)…
Passé par tous les états, Fabio Grosso dresse le bilan suivant à la fin de la rencontre : « Nous avons fait de très bonnes choses avec un bon esprit, la volonté commune d’aller chercher la victoire et ensuite, nous avons un peu baissé, a constaté l’entraîneur lyonnais après le match. Nous concédons un nul, mais je pense que nous méritions mieux. Nous sommes déçus du résultat final. Je veux garder les choses positives de la rencontre. »
Peut-on le rejoindre dans son analyse ?
Disposé en 4-3-3 avec les titularisations d’O’Brien et Lovren en défense centrale, Alvero et Diawara au milieu et les rentrées de Jeffinho et Nuamah sur les ailes, on ne peut pas dire que Grosso n’ait pas innové. Les choix de laisser Tolisso et Cherki ne sont pas anodins et marquent la volonté de Grosso d’imposer sa patte sur son groupe. L’entame de la rencontre ne semble pas lui donner complètement raison. L’équipe est timorée et a toutes les peines du monde à déployer son jeu. A la fin du premier quart d’heure, Kroupi efface Diawara avant d’armer une belle frappe enroulée qui vient se loger dans la lucarne de Lopes (16e). OL 0-1 FCL.
Pourtant, défensivement, on avait vu du mieux en ce premier quart d’heure. Avec un bloc plus compact, l’OL semblait bien coulisser. S’ils avaient du mal à se procurer des occasions, les Lyonnais avaient le mérite d’annihiler efficacement le jeu de leurs adversaires jusqu’à cette fin de premier quart d’heure fatidique. Avec ce but, c’était un nouveau coup de massue qui venait assommer nos joueurs. On pouvait s’attendre au pire, surtout que Lorient plutôt haut en cette entame allait forcément reculer… On avait tort !
Par deux fois, Nuamah prend bien son couloir et tente des centres qui ne trouvent pas preneur. A la 21e, sur un coup franc de Caqueret, la défense lorientaise fait preuve de fébrilité en dégageant mal le ballon, Touré manque sa déviation, Nuamah en profite et d’une reprise de volée magnifique permet à son équipe d’égaliser. OL 1-1 FCL. Un but qui transforme complètement la physionomie de la rencontre. Devant une équipe de Lorient dans le doute, l’OL presse haut dès l’engagement effectué. Sur la récupération, Jeffinho sert Lacazette qui se défait de Talbi pour prendre à défaut un gardien lorientais (obligé en moins d’une minute d’aller chercher une seconde fois le ballon dans ses filets). Jouant rapidement dans la profondeur ou en s’appuyant sur des jeux en triangle, les transitions de l’OL sont bien plus efficaces que lors des précédents matchs.
A la 40e, sur une nouvelle longue relance, de Lopes cette fois, Jeffinho prend le dessus sur la charnière centrale, il est stoppé illicitement, Turpin n’hésite pas à désigner le point de penalty. Lacazette ne tremble pas et creuse l’écart peu de temps avant la pause. OL 3-1 FCL. A la pause, les Lyonnais peuvent être fiers de leur mi-temps, la meilleure depuis l’entame du championnat. Les supporters peuvent enfin espérer que la saison est définitivement lancée. L’OL a fourni une demi-heure de qualité. Pendant près de 30 minutes, l’équipe lyonnaise a ressemblé à une vraie équipe. Toujours bien compact, le bloc a permis à l’équipe d’être bien en place et de ne pas se faire déborder. Plus agressifs sur le porteur, les Lyonnais sont parvenus à récupérer haut le ballon et à jouer des transitions rapides vers l’avant qui ont énormément gêné la défense adverse. Avec une équipe qui ressemblait enfin à une équipe de foot, l’OL pouvait espérer vite sortir de la zone rouge. Mais, leurs espoirs ont hélas été vite douchés !
Au retour des vestiaires, l’OL va retomber dans ses travers. Revenus fébriles, les Lyonnais reculent d’une bonne dizaine de mètres. Plus grave, l’agressivité dont ils avaient fait preuve en première mi-temps s’est envolée… ils ne gagnent plus les duels, défendent en reculant et tendent à avoir les jambes qui flageolent à la récupération du ballon. Au lieu d’utiliser des jeux en triangle et des schémas simples pour relancer, les joueurs se refusent à se démarquer, à faire des appels, ils fuient leurs responsabilités… Tout ce qu’ils avaient réussi à faire en première, ils se révèlent incapables de le faire en seconde. On a l’impression qu’ils essaient de gérer leur avance au tableau d’affichage dès la 46e min de jeu ! Retombés dans leurs travers, les Lyonnais vont le payer cash !
A la 54e, Lovren est trop court pour empêcher Kroupi de couper la trajectoire du centre de Yongwa. OL 3-2 FCL. Voyant son équipe incapable de gagner un duel au milieu, Grosso décide de changer ses hommes et le système. En jouant en 5-4-1 et en faisant rentrer des joueurs frais au milieu (Lepenant et Tolisso), il espère retrouver un peu d’assise mais le mal est profond. Au lieu de lui apporter de la sérénité, l’équipe continue de reculer et de déjouer comme elle l’a fait depuis le début de la saison. Et si Lopes sauve son équipe d’une double parade magnifique, il ne peut rien faire lorsque Baldé offre un centre en retrait parfait… pour le Lorientais Yongwa. Ce dernier ne peut que profiter de l’aubaine pour égaliser (79e). OL 3-3 FCL. Bien sûr, Baldé aurait pu se racheter dans la foulée mais le constat est affligeant. Menant 3-1 à domicile, les Lyonnais auront été incapables de glaner leur première victoire.
Alors forcément, on peut dire que l’OL a fait de « bonnes choses » (durant 30 minutes), on peut même dire qu’ils ont fait preuve d’un « bon esprit » et de « volonté commune » (en première période) mais ce serait se voiler la face de dire que l’OL n’a fait qu’un « peu baissé » (sic) de pied en seconde période… L’équipe a une nouvelle fois failli. Psychologiquement atteints, les joueurs se sont de nouveau liquéfiés après la pause. Le mal est profond, l’équipe est dans le dur, elle a du mal à trouver son football et, quand elle le trouve, elle a du mal à le tenir. Les remplaçants n’ont une nouvelle fois rien apporté et peut-être même entraîné l’équipe vers sa chute en amenant leur mauvaise énergie, leur peur de mal faire. Pour autant, Grosso a sans aucun doute raison de faire cette déclaration.
Bien qu’elle soit en grande partie fausse, elle a le mérite de ne pas enfoncer davantage une équipe psychologiquement déjà fort atteinte…
Photos par Clément SIMON | www.coeur-de-gone.fr