L’OL a connu une nouvelle défaite samedi soir. Toujours dans les profondeurs du classement. Malgré le coup de gueule du capo des BG après la défaite contre le PSG, l’équipe s’est montrée incapable, que ce soit contre le HAC et à Brest, de relever la tête. Comment en est-on arrivé là ?
Il y a près de 15 ans, quand JMA se lance dans la construction du grand stade, l’OL est un club majeur de l’Europe. Régulièrement en quart de finale de la LdC, il trust les titres sur le territoire national, ayant souvent au moins une classe d’écart avec ses poursuivants (Sous Houiller, l’équipe termine même la phase aller du championnat avec 50 pts… devançant de plus de 10 pts ces poursuivants !). S’appuyant sur le modèle du Bayern, le président JMA pense que le grand stade va permettre à l’OL de lui assurer des rentrées majeures d’argent chaque année (de l’ordre de 50 à 70 M €), lui permettant le cas échéant de supporter une année sans LdC, sans devoir vendre un ou deux joueurs majeurs. Un pari qui à la fin de ses années 2000 semble logique et cohérent, pour ne pas dire intelligent… Le problème, c’est que ce modèle s’est révélé inopérant avant même de pouvoir se réaliser.
Avec le stade, le club est bien obligé de réduire la voilure, tout le monde comprend que ces années de transition sont nécessaires pour permettre à l’OL de viser plus haut, une fois le stade sorti de terre et opérationnel ! Composé de joueurs tous internationaux (Kallström, Cris ou Toulalan) puis l’éclosion d’une belle génération lyonnaise (Gonalons, Lacazette, Tolisso, Ferri ou Fékir), l’OL parvient à maintenir un certain standing. En effet, si l’OL du tournant des années 2000-2010 n’est plus champion, il se qualifie sans faute en LdC. Mais, au moment où l’équipe intègre le stade, le football a déjà changé. Des investisseurs du Golfe ont fait irruption, et comme un puits de pétrole sans fond, l’argent se déverse sur le football… Cette irruption de flux financiers provoque une nouvelle inflation des prix, tant dans les transferts que dans les salaires des joueurs. Une situation qui va rendre caduc le projet de JMA. Pour financer le remboursement de son grand stade, il a besoin de dégager encore et toujours des fonds (20 M d’€ par an) et, pour le remplir, il lui faut maintenir un rang qu’il ne parvient plus à assurer avec l’augmentation des prix.
Comme le PSG, Manchester City (propriétés de pays des émirats), MU ou Real de Madrid, de grands investisseurs sont capables de mettre plus de 50 millions d’€ pour acheter un joueur, l’OL se retrouve pris au piège d’un système financier qu’il ne peut suivre… Alors qu’au tournant des années 2010, il avait encore la possibilité d’attirer des internationaux confirmés, de conserver de grands joueurs comme Lisandro, les prix sont trop exorbitants pour se le permettre à la fin des années 2010. Ne pouvant viser des internationaux confirmés, il doit se résoudre à prendre des espoirs en devenir, ou de relancer des joueurs dont la carrière végète sur le banc de grands clubs. Des paris qui peuvent se révéler payant parfois (Guimaraes, Paqueta ou Depay) mais qui sont aussi régulièrement des échecs (JRA, Gourcuff). Sans dégringoler, l’équipe s’est indéniablement affaiblie chaque année. Au moment même où le stade est devenu enfin opérationnel, l’équipe devient moins forte et l’OL va rentrer dans un cercle vicieux.
Le budget de l’OL étant prévu pour jouer 3 années sur 4 la LdC, l’OL se retrouve pris au piège. Puisque le PSG prend déjà une place assurée sur le podium, que des clubs comme Rennes, Lille, OM, Monaco ou autres bossent bien, les places deviennent de plus en plus chères. Depuis 4 ans, l’OL n’y arrive de ce fait plus, ce qui l’oblige, chaque fin de saison, à vendre au moins deux joueurs pour équilibrer ses comptes (afin de boucher ces 50 millions de trous). Tout en s’affaiblissant sportivement, il a néanmoins toujours une masse salariale qui augmente (due à l’inflation des salaires), et doit réussir à faire mieux avec moins… une situation sportive presque impossible, seul Garcia aura failli réussir à briser ce cercle vicieux. Hélas, malgré ses 76 pts, il n’aura atteint que la 4e place. Le stade se révèle trop grand. Au lieu de lui permettre de dégager de nouveaux revenus, il se révèle une charge. A part sur les gros matchs, le Groupama sonne souvent creux. Le club est ainsi souvent contraint de brader au dernier moment des places ou de lâcher une tonne d’invitations pour faire illusion ! Pour tenter de maintenir son rang, JMA comme Textor aujourd’hui tente de berner les supporters sur le potentiel d’une équipe qui ne cesse de s’amoindrir chaque année. Prendre des vessies pour des lanternes, ils illusionnent les supporters sur des ambitions de podium devenues de plus en plus illusoires avec le temps. On se laisse parfois avoir, on veut le plus souvent y croire surtout en début de championnat. Après un mauvais début de championnat, on met au pilori l’entraîneur, le meilleur bouc émissaire possible. Sans que les résultats ne changent sur la durée…
Plus grave pour la pérennité du club, puisque le club est moins attractif sans coupe d’Europe, JMA a commencé à lâcher de plus en plus de lest auprès des joueurs dans l’espoir de les conserver ou de les en attirer … Les attitudes de diva de Depay, les comportements de KTE ou de Marcelo ont été de plus en plus cautionnés par un président dépassé par la situation ! Comment recadrer ou sanctionner un de ses meilleurs joueurs quand on n’est pas capable de le remplacer sur le terrain (à brèves échéances) ? JMA avait choisi de ne plus le faire à l’image de ses fameux coups de gueule quasi inexistants ces dernières années (même après un piteux 0-0 lors de la dernière journée, nous empêchant d’atteindre le podium). Devenus plus importants que l’Institution, les joueurs moyens ont continué à être surpayés que ce soit pour les conserver (Caqueret pour ne prendre d’un exemple) ou les attirer (Tolisso, Mendès parmi d’autres) et de plus en plus protégés. L’incompréhension d’un KTE à qui on avait retiré la prime d’éthique pour avoir tapé une poubelle, Aouar pour avoir refusé de faire son décrassage après un match ou Alvero (pour la première titulaire !) qui se permet d’arriver en retard à la causerie… est caractéristique du laisser-aller d’un club incapable d’imposer des règles simples à ses salariés. Les statuts de joueurs surcotés (comme Cherki dans l’espoir de le revendre avec une belle plus-value ou Tolisso, énorme salaire oblige) gangrènent un effectif qui n’a plus faim et plus les ressorts pour réagir aujourd’hui. Même les cadres comme Lacazette et Lopes (qui aiment, tout comme nous, ce club) semblent avoir baissé les bras…
Comme sur un toboggan, si en haut la pente est faible, l’inclinaison devient forte après, et la chute d’autant plus dure ! Avec des dirigeants, un staff et des joueurs pensant jouer le haut du classement (presque par habitude), il va falloir sauver déjà ce qui peut l’être : une place en L1 la saison prochaine. Allez l’OL !
Photos par Icon Sport