À la suite d’une nouvelle défaite à domicile, JMA est descendu dans l’arène pour servir de paratonnerre : « C’est un sentiment de gâchis […] Ce que je veux dire, c’est que le match est ce qu’il est, mais c’est probablement l’un des meilleurs matchs depuis le début de saison. Sans réussite. Mais quand on arrive à avoir 28 tirs… on a retrouvé notre dynamisme, l’ensemble des fonctions les plus élémentaires qui permettent de remonter au classement. » …
Malheureusement c’est vrai qu’on a fait des erreurs ». Lacazette n’avait pas dit autre chose quelques minutes plus tôt : « Dans l’ensemble, on était plutôt pas mal, on paye cash nos erreurs. Devant le but, on se doit d’être meilleurs ». Au travers de ces deux déclarations, ils semblent regretter les sifflets tombés des tribunes.
Revenons sur le match pour évaluer la prestation de nos Lyonnais hier soir.
Effectivement au vu de l’entame de la rencontre, l’OL ne méritait pas ses sifflets. Grâce à un pressing haut et efficace, les Lyonnais s’installaient durablement dans le camp strasbourgeois. Avec un duo Lacazette – Cherki technique et toujours en mouvement, l’OL se crée rapidement quelques belles opportunités. Après deux beaux mouvements collectifs, Toko-Ekambi et Tolisso se retrouvaient en bonne position de frappe sans pouvoir, hélas, trouver le cadre (6e et 11e). Cherki quelques minutes plus tard, par une belle percussion, se retrouvait dans la surface mais au lieu de choisir la passe en retrait, choisissait la solution personnelle… et butait sur un Sels bien sorti à sa rencontre (13e). Si le jeune milieu offensif n’a pas démérité, il n’a pas réussi à trouver le chemin des filets une dizaine de minutes plus tard. Bien aidé par les montées de Malo Gusto qui ont étiré la défense alsacienne, l’OL a montré durant cette première demi-heure de l’allant et de la volonté.
Mais comme souvent cette saison, les sautes de concentration, les erreurs dans le replacement défensif vont se payer « cash » comme le dit le capitaine de l’OL. Sur un corner repoussé au premier poteau par Toko-Ekambi, Aholou d’une volée magnifique laissait Lopes constater les dégâts. En allant chercher un de ses premiers ballons du match au fond des filets, le gardien de l’OL ne pouvait que constater. Malgré cette bonne entame, son équipe était menée 0-1 (29e). Pire trois minutes plus tard alors que les Lyonnais étaient aux avant-postes, Sels lançait une contre-attaque d’un long dégagement. Entre les erreurs des uns (Mendes et Lovren) et maladresses des autres (Malo Gusto), le piqué de Gameiro est repris par un Diallo tout heureux de creuser l’écart (32e). Tous les efforts consentis depuis le début de la rencontre étaient réduits à néant. Simple manque de réussite ou réels manquements professionnels ? La question reste ouverte mais ce second but strasbourgeois est loin d’être une première cette saison…
Alors, bien sûr, avec le penalty de Lacazette, les Lyonnais peuvent se dire qu’ils n’ont pas lâché. Ils peuvent se dire (comme le fit JMA à la fin du match) qu’ils ont eu 28 tirs, 2,47 xG sur ce match… Mais les statistiques ne reflètent pas une rencontre dans son ensemble. Si on enlève le penalty, les xG du match tombent à « seulement » 1,71 ! Si l’OL a enchaîné les frappes, celles-ci souvent lointaines ou face à une forêt de jambes ne rapportaient chacune moins de 0,1 xG (soit moins d’une chance sur 10 qu’elle trouve le chemin des filets… et le plus souvent, à l’image des frappes de Mendès, une chance sur 50 !). A l’exception du penalty donc, seule la frappe de Cherki à la fin du premier quart d’heure peut être considérée comme une véritable occasion de but, une occasion vraiment susceptible d’aboutir à un but… (0,34 xG). Car, une fois le premier quart d’heure passé (correspondant au 1/3 des xG de la rencontre), l’OL est largement retombé dans ses travers.
Si Malo Gusto a continué à alimenter la surface de ses centres, il n’a jamais trouvé un attaquant dans de bonnes dispositions et quand cela a été le cas, Toko-Ekambi a choisi de remiser le ballon de la tête en retrait au lieu de tenter sa chance ou rater complètement sa reprise. Devant une défense strasbourgeoise de plus en plus compacte et arc-boutée sur sa cage, les Lyonnais ont été réduits à faire des redoublements de passes latérales. Manquant de vitesse dans ses transmissions (Mendes n’est pas le seul à ralentir le jeu), ils n’ont jamais pu créer un tant soit peu de décalages dans la défense adverse. Alors oui, JMA peut bien se gargariser d’une forte possession de balle (72 % de possession) et de frappes lointaines en bout de course de la part de son équipe…. mais ce n’est pas avec un tel jeu stérile que nos Lyonnais pourront gagner des matchs à l’avenir. Sans verticalité et sans vitesse, le jeu offensif de l’OL ne parvient même pas à prendre en défaut une défense qui avait pourtant encaissé déjà 33 buts avant le match (soit presque 2 buts par rencontre !).
Avec 11 pts en 9 matchs, Laurent Blanc ne fera pas mieux que Peter Bosz (14 pts en 10 matchs). Devant des prestations le plus souvent insipides, avec un jeu offensif ne reposant que sur les accélérations et coups d’éclat d’un ou deux joueurs, les supporters peuvent se plaindre. Sans évidemment approuver les violences, on peut comprendre les supporters regrettant que leur équipe obtienne des résultats aussi mauvais, bien loin de ceux escomptés.
Alors à qui la faute ? À des joueurs très en dessous de leur potentiel ou à des dirigeants qui ont fait miroiter des résultats inatteignables par des joueurs moyens de notre championnat de France ? Les supporters n’avaient pas tranché hier soir en s’en prenant autant à Ponsot et Cheyrou qu’à Toko-Ekambi ou Dembélé. En revanche, JMA, lui, en ne prenant la défense que des dirigeants semble avoir trouvé la réponse…