Disposé en 3-5-2, malgré la suspension de Diomandé, Laurent Blanc a souhaité donner de la stabilité tactique à son équipe en début de match face à Lille. Mais à l’image de l’OL version Bosz, les Lyonnais ont eu beaucoup de mal à résister au pressing adverse…
Après quelques minutes de jeu, le rouleau compresseur lillois se met en marche et le bloc lyonnais recule. L’équipe est, comme les mois passés, rapidement coupée en deux. Les deux attaquants (Lacazette et Dembélé) sont esseulés aux avant-postes ne recevant qu’une poignée de ballons inutilisables. Aouar, malgré sa bonne volonté dans les duels, ne parvient pas à faire le lien milieu – attaque et, plus grave, les défenseurs ont de plus en plus de mal à ressortir proprement le ballon. Techniquement en difficultés, les Lyonnais ne trouvent pas de solutions pour se sortir du pressing adverse. Comme sous Bosz, l’OL est aux abois devant la puissance physique adverse et subit les événements mais le bloc défensif ne se disloque pas, contrairement à avant. Si les Lyonnais concèdent beaucoup de tirs en première mi-temps, ils ne subissent pas tant d’occasions que cela. Les deux frappes de David et Weah (7e et 10e) flirtent bien avec les montants de Lopes, mais c’est surtout la tentative de lobe de David à la demi-heure de jeu qui auraient pu coûter cher aux Lyonnais.
À ce moment de la rencontre, on peut douter que le nouveau coach de l’OL ait beaucoup changé la physionomie de son équipe. Seule réelle amélioration, la mise en place d’un véritable bloc défensif qui aura permis de ne pas concéder trop d’occasions dans une période faible. C’est la seule nouveauté. Sans faire de l’uchronie, on ne peut s’empêcher de penser qu’avec Bosz, l’OL aurait concédé beaucoup plus d’occasions… et sûrement concédé déjà un ou deux buts. Avec L. Blanc, même quand la première mi-temps est mauvaise, l’équipe reste cohérente défensivement. Si l’OL peut être satisfait de revenir à la pause avec un score nul et vierge ; un résultat un peu chanceux mais pas complètement illogique (au niveau des expected goals, à la pause, le Losc aurait dû inscrire 0,41 but – l’OL… seulement 0,10 !).
Mais, Laurent Blanc n’est pas Peter Bosz. Le nouveau technicien de l’OL sait reconnaître ses erreurs et est capable de s’adapter à son adversaire. Comme il l’a dit après la rencontre : « à la mi-temps, il a fallu faire des réajustements pour essayer de les contrer dans ce secteur de jeu [le milieu de terrain], qui est très important. Car si vous ne maîtrisez pas dans l’entrejeu, vous reculez et c’est ensuite difficile d’attaquer parce que le but adverse est très loin ». Puisque Lille ne jouait qu’avec un attaquant, il décide de faire sortir un défenseur central (Da Silva) et de faire entrer un nouveau milieu défensif (Lepenant). Le système tactique s’adapte donc à l’adversaire, l’OL bascule en 4-4-2. Mettant en place un milieu en losange, avec la pointe basse Mendès, deux pistons à ses côtés (Lepenant et Caqueret) derrière un Aouar positionné derrière les deux attaquants, les Lyonnais retrouvent un peu plus de maîtrise… ce qui ne l’empêche pas de concéder encore quelques occasions. Àla 60e min, Angel Gomes bien servi en retrait est en position idéale pour ouvrir le score, heureusement Lopes s’interpose d’une superbe détente. À la 70e min, c’est au tour de David d’avoir une nouvelle belle opportunité, Lopes est à nouveau impérial sur sa ligne.
Si l’OL a un peu de réussite en défense, l’équipe (positionnée plus haut sur le terrain avec ce nouveau schéma tactique) peut enfin se créer des occasions de buts. Plus exactement une ! À la suite de la rentrée de J. Reine-Adelaïde, ce dernier d’un bel extérieur sert parfaitement Tagliafico sur son côté gauche, l’Argentin adresse un centre parfait à Lacazette qui n’a plus qu’à pousser le ballon au fond des filets (74e). Sur sa première véritable occasion, l’OL ouvre le score (1-0). Comme sous Bosz, les Lyonnais ont bien du mal à se créer des occasions contre les grosses équipes, on a même le sentiment que l’équipe s’en crée moins … Voulant retrouver une plus grande sérénité défensive, le coach a renforcé ce secteur de jeu au détriment de l’attaque, un choix cohérent qui permet de retrouver un peu plus d’équilibre et d’efficacité. Alors même que sous P. Bosz, l’OL avait bien du mal à conserver son avantage au tableau d’affichage, l’équipe de L. Blanc a réussi à le faire hier. Plus frais physiquement et mieux organisés à la récupération, les Lyonnais sont parvenus à préserver leur cage inviolée. Sans trop tremblés, ils ont réussi à ne concéder que deux tirs lors du dernier quart d’heure (Cabella 79e et Adam Ounas 90e). L’OL aurait même pu obtenir mieux à la toute fin de la rencontre. Sur une belle contre-attaque, JRA adresse un bon ballon en profondeur à Toko-Ekambi qui, hélas, vendange une belle opportunité en ratant son piqué face à Chevalier.
L’arrivée de L. Blanc n’a pas encore tout révolutionné dans le jeu de l’OL. Techniquement en difficulté face au pressing adverse, les Lyonnais ont encore du mal à déployer leur jeu. Les transitions milieu – attaque sont encore à travailler et le potentiel offensif semble en souffrir. La relation Dembélé – Lacazette reste encore bien perfectible (Lacazette marque plus lorsqu’il n’est pas accompagné de Dembélé en attaque…) mais, comme « Rome ne s’est pas faite en un jour », L. Blanc ne peut pas tout changer en quelques semaines. Mieux préparés physiquement, mieux disposés sur le terrain et faisant preuve d’une plus grande agressivité dans les duels, les joueurs sont déjà en progrès. Avec ce second succès de rang, l’OL sort enfin du ventre mou et recolle au peloton de tête. Sans être brillant, cet OL a le mérite d’être efficace et c’est déjà beaucoup !
Photos par Icon Sport.