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Dix ans, cela fera dix ans que l’OL n’a plus gagné un seul titre. Bien sûr, le PSG aura été, durant cette décennie où l’argent du Qatar aura coulé à flots, un ogre programmé pour faire le doublé coupe-championnat chaque année. Mais tout de même, d’autres clubs n’ayant pas le 2e ou 3e budget de France auront réussi à glaner un titre au cours de cette période… Alors qu’est-ce qui s’est passé depuis 2012 ? Une disette de titre qui a entériné le divorce entre le club et ses supporters samedi dernier. Mais est-ce la seule raison de ce désamour ?

2012 – 2015 : une bonne gestion des années de disette

Dans son projet de construction de stade, l’OL est obligé de réduire la voilure et de faire confiance aux jeunes de son centre de formation. Les Gonalons – Grenier – Fékir – Tolisso – Umtiti – Ferri ou Lopes pour ne citer que les plus beaux fleurons sont appelés à supplier les départs de Cris – Lloris – Kallstrom – Lisandro au cours de cette période. C’est un choix forcé mais qui est clairement assumé par le club.

JMA demande aux supporters d’être patient sur le refrain de quand le stade sera là, le club retrouvera son standing. Les sommes énormes que le stade doit dégager, devraient permettre à l’OL de devenir le « Bayern de Munich français » et d’être dans la capacité de gagner la LdC à moyen termes. Un pari risqué mais que le club gère parfaitement. Pouvant s’appuyer sur une belle génération, ayant envie de réussir dans leur club formateur, l’OL maintient son standing au cours de cette période. Garde – Fournier et Génésio réussissent à atteindre régulièrement une place sur le podium (3 sur 4). Jouant la coupe d’Europe (et souvent la LdC), le club de la capitale des Gaules réussit parfaitement à gérer ses années de disettes financières. Les supporters comprenant la situation et espérant des lendemains qui chantent se révèlent patients avec leur club. Se retrouvant dans des joueurs du centre de formation ayant la culture OL (notamment lors des Derby !), BG, Lyon 1950 et autres ne ménagent pas leurs efforts pour pousser leur équipe même dans les moments difficiles… même après Astra Giurgu ou quelques revers cinglants en championnat (la défaite 3-0 à Caen en 2015 lors de la 36e journée par exemple), ils ne manifestent pas de réels mécontentements.

2016 – 2019 : l’OL rate son entrée dans son nouveau stade

Avec l’entrée de l’OL dans son nouveau stade et les recettes que cela doit engendrer, les supporters changent de ton et commencent à se montrer impatients. On leur avait tellement promis lors des quatre dernières années, ils avaient tellement fantasmé sur un entraîneur d’envergure au Groupama Stadium… que les choix du club leur semblent décevants. Génésio sur le banc ne leur apparaît pas comme le grand entraîneur devant permettre à l’OL de devenir le Bayern français. C’est peut-être dur pour un enfant du club comme lui… mais sa carte de visite, son expérience ne plaident pas en sa faveur en 2015 (lorsqu’il prend le poste d’Hubert Fournier en décembre).
Mais au-delà du coach, c’est le fait que le club stagne qui va cristalliser les rancœurs. Alors que la manne financière dégagée par le nouveau stade permet à l’OL d’être enfin actif sur le marché des transferts (le club n’est ainsi plus contraint d’acheter des Lindsay Rose, Bisevac, Koné et autres…), il ne réussit pas à réaliser de bons coups sur le marché des transferts. Les Mamana, Andersen, Terrier n’apportent pas de réelle plus-value à l’équipe. Souvent achetés trop jeunes ou ne correspondant pas au profil pour pouvoir bien s’intégrer à cette équipe, nombre d’entre eux se révèlent des échecs. Même les titulaires indiscutables comme Traoré, Dembélé ou Marcelo (je laisse Memphis de côté au vu de ses stats)… ne donnent pas entièrement satisfaction, enchaînant des prestations trop souvent médiocres. Alors que les supporters espéraient un saut qualitatif, ils voient leur équipe avoir du mal à atteindre le podium de la Ligue 1. Voyant dans le coach, le principal responsable des performances en dents de scie de son équipe, les rancœurs vont se cristalliser sur lui au cours de la saison 2018-19… les joueurs restant, pendant ce temps-là, très largement épargnés.

Après une élimination à domicile contre Rennes en ½ finale de coupe de France, le staff dirigeant décide de tout changer. Alors que le contrat de Génésio pour une prolongation est prêt… JMA fait sauter son fusible favori et donne raison aux supporters. Faisant preuve de populisme en cette occasion, le président va chercher une gloire passée du club en la personne de Juninho, une manière de calmer la vox populi. Lors de sa venue, JMA lance aux supporters que le club va « passer la vitesse supérieure ».

2019-2022 : La chute, un club qui se banalise

Juninho arrivé, les supporters espèrent retrouver la culture lyonnaise des grandes années. Cette culture du beau jeu et surtout de la gagne qui a porté l’OL pendant les années 2000 car, au-delà des résultats en dents de scie ce que les supporters regrettent c’est la perte de cette culture club. Memphis, star de ton équipe, n’est pas un amoureux de l’OL. Voyant notre club comme un tremplin pour sa carrière, il n’a jamais eu l’amour du maillot si cher aux supporters. A part les Lyonnais issus de son centre de formation (et encore ?), les joueurs à l’image du Batave ne montrent pas un véritable attachement au club : qui embrasse le blason lorsqu’il marque un but ? Qui enrage après une élimination en coupe ? L’idole de Gerland n’hésitant pas à pointer du doigt l’attitude des joueurs, leurs lacunes techniques et mentales, les supporters ont l’espoir que les choses vont vraiment changer.

Mais, sans expérience professionnelle en tant que directeur sportif, sans réseaux sur le marché des transferts (autres qu’au Brésil), la greffe Juni s’est soldée par un échec. A part les recrues de Guimaraes et Paqueta, Juninho n’aura pas réussi à empêcher le déclin de l’OL. Les choix de Sylvinho autant que Garcia ou Bosz n’ont pas permis au club de retrouver de la régularité. Les recrutements, malgré les millions dépensés, n’ont pas permis de constituer une véritable équipe compétitive et les problèmes de régularité se sont accentués… En trois saisons, le club n’aura pu atteindre qu’une place en Europa League (4e) en 2021 ! Un bilan qui aurait de toute façon conduit Juni à prendre la porte à la fin de la saison… sa sortie médiatique ne faisant que précipiter les choses. Seul problème pour JMA et les joueurs, après la perte du paravent Génésio, ils viennent de perdre le paratonnerre Juninho. Ne reste plus que des joueurs peu concernés (M. di Sciglio a peut-être tout dit au journal L’Équipe : « En France, même si c’est une défaite, on pense au suivant sans exaspération, le foot est vécu plus sereinement »), un entraîneur naviguant à vue, un président toujours ambitieux mais n’ayant plus forcément de vision pour l’OL de demain.

Alors, les supporters sont-ils des ingrats ?

Concurrencé par des clubs ambitieux comme Rennes, Nice, Lille ou Marseille, l’OL ne parvient plus à se hisser au sommet du football français derrière le PSG. Une situation que les supporters, bercés par les promesses de JMA, ont du mal à accepter. Leur déception est proportionnelle aux espoirs que les belles paroles présidentielles avaient suscités en eux.

Comme en politique, susciter des espoirs lors d’une campagne électorale peut entraîner des réactions de rejet particulièrement fortes par la suite (surtout lorsque les politiques y joignent une certaine dose d’arrogance et de mépris), Macron avec le phénomène des Gilets Jaunes l’a déjà expérimenté… JMA et les joueurs l’expérimentent à leur tour.

Plus que de l’ingratitude, les supporters de l’OL, un peu comme les électeurs, ont peut-être plutôt eu le tort de se laisser bercer par les belles paroles et promesses qu’on leurs avait faites car, comme disait Jacques Chirac, « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».

Photos par Icon Sport

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Oreste

Oreste

Tombé dans la marmite Lyonnaise quand j'étais petit, je n'avais qu'une idéfix venir cirer les bancs de J. Bouin. Abraracourcix, je prends une longue série d'abonnement à Gerland. Mais, comme ma profession n'est pas une assurancetourix de rester sur Lugdu, je suis amené à faire le "tour de la Gaule" et même "la grande traversée". Heureusement "mes 12 travaux" touchent à leurs thermes (romaines ?) et avant d'avoir un agecanonix, je devrais retrouver sous peu "le domaine des dieux".

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