Avec le retour de Juninho et l’arrivée d’un entraîneur étranger, cela devait être la saison du renouveau, le dernier étage de la « Fusée OL ». Malgré un beau parcours en C1, les résultats en championnat dessinent les contours d’une saison gâchée.
8 mars 2020. En déplacement au Stade Pierre Mauroy, à Lille, l’Olympique Lyonnais sort une nouvelle prestation ratée. Les Lyonnais s’inclinent 1-0 et signent probablement la fin des espoirs de qualification en Ligue des Champions. Sept points séparent l’OL de la troisième place, qualificative pour les barrages de la C1. Sans le savoir, cette défaite vient clôturer, pour le moment, la saison de Ligue 1, suspendue en raison de la pandémie de coronavirus.
En mai 2019, au terme de la saison précédente, tous les espoirs semblaient permis du côté des supporters lyonnais. Après trois ans et demi de frustration à la tête de l’OL, Bruno Genesio quitte le club et s’envole vers la Chine. Jean-Michel Aulas décide de faire venir le chouchou des supporters : Juninho. Le nouveau directeur sportif de l’OL amène dans ses bagages le débutant Sylvinho au poste d’entraîneur, Brésilien comme lui. Leur première conférence de presse commune emballe l’ensemble des supporters. C’est le début d’une « histoire émouvante et passionnante » pour le président lyonnais. « Nous rêvons de maintenir l’équipe au top pendant 3 ou 4 ans en Europe », s’enflamme Juninho. « Une chose est sûre, mon équipe ne manquera pas d’âme », promet Sylvinho.
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Des débuts tonitruants
Suffisant pour faire briller les yeux des supporters, qui n’attendent que le début de saison pour observer les prouesses du nouveau binôme lyonnais. La préparation s’avère pourtant ratée, avec une seule victoire en cinq matchs amicaux. Qu’importe, l’OL débute son championnat de la meilleure des manières. Une victoire large à Monaco (3-0), puis un succès fou à domicile face à Angers (6-0). La « fusée OL », chère au président lyonnais, semble inarrêtable. Ou presque. À Montpellier, pour la troisième journée de Ligue 1, les ennuis commencent. L’OL s’incline à la Mosson (1-0), et ne peut faire mieux qu’un nul devant Bordeaux (1-1) trois jours plus tard.
La première trêve internationale arrive mais ne résout rien. Pas plus que le début de la Ligue des Champions. Dans un groupe abordable, composé du Zenit St Petersbourg, de Benfica et du RB Leipzig, l’OL se prend les pieds dans le tapis russe dès la première journée (1-1). Puis, infidèle à ses habitudes, est incapable de mettre en danger le PSG ou St-Etienne (défaites 1-0). La tension monte, Juninho est accusé d’être absent, Sylvinho encore trop tendre. « Juninho, qui a toute la responsabilité du domaine sportif depuis le début du championnat, va devoir réfléchir », lâche Aulas après le derby. La réflexion est toute faite : Sylvinho sera limogé dès le lendemain.
Nous sommes en octobre, le retard en championnat n’est pas inéluctable. Il reste encore quelques braises de la flamme d’espoir du début du saison. Mais Jean-Michel Aulas les éteint en enrôlant Rudi Garcia. « Pour des résultats à court terme », justifiera le patron de l’OL. Insuffisant pour contenir la colère des supporters. « Garcia, notre patience sera égale au respect que tu as montré au club : nulle », annonce même une banderole pour la réception de Dijon (0-0), en référence aux propos de l’époque marseillaise du néo-lyonnais.
« On sera à l’arrivée du championnat »
Côté sportif, les bons résultats partent aussi vites qu’ils n’arrivent. L’OL est englué au milieu de tableau, mais seuls Paris, et déjà Marseille, semblent irrattrapables. « On sera à l’arrivée du championnat », assure pourtant Aulas le soir de la défaite à Marseille (2-1), alors que le club pointe à la 15ème place du championnat.
Rien n’y fait. Comme à son habitude, l’OL enchaîne contre-performances et grandes prestations, comme ce soir de décembre où les Gones remontent 2 buts à Leipzig pour se qualifier pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions. Même cette soirée s’avère ratée. À l’issue de la rencontre, les joueurs hésitent à aller saluer les supporters. « Ce n’est pas grâce à eux, ils nous ont sifflé », lâche Maxwel Cornet, un brin énervé, à son entraîneur. Le Virage Nord lance une banderole « Marcelo dégage » et une bagarre entre joueurs et supporters éclate. « J’ai couru vers lui pour lui dire de baisser son drapeau. Qui a le temps pour peindre un âne ? », proteste alors Memphis, tout juste intronisé capitaine.
L’état d’esprit de l’été est loin. La cassure profonde. Les résultats toujours aussi inconstants. L’OL perd encore des points au fil des rencontres de Ligue 1. Pire, le sort s’acharne. Face à Rennes, Memphis puis Jeff Reine-Adélaïde sortent sur blessures. Verdict : deux ruptures des ligaments croisés du genou, 6 mois d’absence minimum. Du jamais vu.
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L’heure de la réconciliation
2020 démarre mieux qu’a terminé 2019. Les Lyonnais enchaînent les victoires, surtout dans les coupes. Pas négligeable, alors qu’aucun capitaine lyonnais n’a soulevé de trophée majeur depuis Cris en 2012, avec la Coupe de France. Mais c’est dans l’autre compétition que les Gones brillent le plus. Dans un parcours 100% disputé à domicile, les hommes de Rudi Garcia se qualifient aux tirs au but pour la finale de la Coupe de la Ligue aux dépens de Lille. « J’ai beaucoup aimé la communion des supporters et des joueurs à la fin du match. Je suis ravi pour nos supporters, les joueurs et les dirigeants. Tout le monde mérite cette finale », commente Garcia à l’issue de la rencontre.
Le soufflet retombe vite. Nice, Amiens, Paris, Strasbourg… L’OL ne prend que 2 points sur 12 et pointe, au soir de la 25ème journée, à la 11ème place à 7 points du podium, son objectif initial. Un gouffre. Comme souvent, les Lyonnais réagissent et sortent les griffes. Surprise, c’est la grande Juventus Turin qui en fait les frais. Au Groupama Stadium, l’OL s’impose en huitième de finale de C1 face aux octuples champions d’Italie en titre (1-0). Trois jours plus tard, le stade chavire de plaisir face à St Etienne, dans un derby que les Lyonnais dominent de la tête et des épaules (2-0).
Une inconstance qui dure
Le renouveau semble être arrivé. Il ne durera pas. Malgré une prestation de haut vol face à Paris pendant une heure, l’OL s’incline en demi-finale de Coupe de France (5-1). Quatre jours plus tard, Lille, concurrent direct pour la qualification en C1, écarte l’OL de la course (1-0). Tous les espoirs ne sont plus permis. « C’est une très mauvaise opération même si rien n’est perdu mathématiquement », veut encore croire Garcia. La Ligue des Champions s’éloigne.
Le football aussi. Avec la pandémie de coronavirus qui empêche tout fonctionnement normal, le sport est à l’arrêt. L’ensemble des compétitions sont suspendues. L’OL met « l’ensemble de son personnel sportif au chômage partiel ». L’heure du bilan sonne avant même la fin de la saison. Avec 40 points en 28 journées, le total est faible. En championnat, l’OL réalise sa pire saison depuis 1997.
Photos par Icon Sport