Chaque année, le même refrain revient dans la bouche des joueurs et des dirigeants de clubs jouant à la fois sur la scène nationale et la scène européenne, celui des « matchs tous les 3 jours ». Cette formule légèrement exagérée, puisqu’il y a 7 jours par semaine et jamais plus de 2 matchs par semaine (on devrait plutôt donc parler de « matchs tous les 3 jours et demi »), tend à souligner l’impossibilité pour les équipes de se montrer performantes à chaque match, car ceux-ci s’enchaînent à un rythme trop élevé. Lyon, qui a toujours pris part à une campagne européenne depuis 1997, record hexagonal et de loin, devrait donc pourtant avoir l’habitude de ce genre de calendrier effréné, mais force est de constater que même eux ont du mal à se montrer conquérants dans les deux compétitions.
Paris, Lille, Lyon : 3 exemples distincts
L’exemple le plus parlant de ce mal assez franco-français, car on entend en effet rarement les joueurs du Barça ou du Bayern se plaindre de trop jouer, se trouve certainement dans le début de saison du PSG qui arrive ainsi à remporter une victoire 3 buts à 0 face au Real Madrid avant de perdre en championnat face au Stade de Reims, toujours à domicile, sur le score de 2 buts à 0, une équipe de Reims qui perdra 3 jours plus tard face à Dijon, lanterne rouge du championnat, encore à domicile. Logiquement, Dijon devrait donc battre le Real Madrid 6 à 0, puisque les Dijonnais ont battu l’équipe qui a battu l’équipe qui a battu le Real.
Même si ce raisonnement est un peu poussé à l’extrême, il illustre tout de même bien l’illogisme sportif et la différence de résultats des clubs français quand ils jouent en Europe ou dans l’Hexagone. Les Lillois se retrouvent dans une situation inverse à celle du PSG où ils excellent en championnat, mais ont toutes les peines du monde à exister sur la scène européenne avec deux défaites en autant de matchs.
Côté lyonnais, l’explication est par contre plus difficile à trouver, puisqu’ils sont tout aussi inconstants en championnat qu’en Ligue des Champions, avec une belle dernière victoire en date sur la pelouse de Leipzig après un nul à domicile face au Zénith Saint-Pétersbourg, entrecoupés de résultats décevants en Ligue 1. Comme si le fait de jouer des matchs tous les trois jours les empêchait d’être tout le temps à leur meilleur niveau, et que Lyon ne pouvait ainsi nullement espérer réussir sur les deux tableaux, pour des raisons certainement plus psychologiques que physiques. L’OL a au moins eu la fortune de tomber dans un groupe très abordable, où il aura les parieurs de son côté dans la plupart de ses rencontres, mais la contrepartie est que toute non-qualification sera vécue comme un gros échec pour le club et les supporters.
Pourquoi tant de difficultés à la constance et à la performance ?
Mais comment expliquer ces différences ? Eh bien, les explications sont différentes en fonction des clubs. Pour le PSG, ces mauvais résultats en championnat par rapport à la Ligue des Champions s’expliquent le plus probablement par une différence de motivation pour les joueurs de la capitale qui sont tous des habitués des grands chocs. Ainsi, ils savent se surpasser quand vient le temps d’affronter le Real et compagnie, mais il leur est plus dur de tout donner face à des petites équipes françaises qui, elles, au contraire, vont tout donner sur ce match pour tenter de réaliser l’exploit.
Pour Lille, l’explication est peut-être la plus logique et concerne en effet un enchaînement de matchs de haut niveau auquel les joueurs de Galtier ne sont pas ou très peu habitués. Ainsi, quand le niveau européen se présente, supérieur à celui en France, les Lillois ne parviennent pas à injecter cette dévotion et cette énergie supplémentaires qui pourraient leur permettre de rivaliser avec les grands d’Europe, car ils donnent déjà tous ce qu’ils ont à chaque journée de Ligue 1.
À Lyon enfin, quand les résultats sont aussi aléatoires en championnat qu’en Coupe d’Europe, cela veut dire que le mal est dur à définir et pas seulement dû au rythme des rencontres. Mais le problème de jouer 2 matchs par semaine est que cela ne laisse plus beaucoup de temps pour se poser, pour travailler et pour essayer de corriger ce qui ne va pas, car il faut déjà se pencher sur le match suivant dès la fin du précédent. Il faudra pourtant que Lyon résolve cette équation au plus vite, entre turn-over, automatismes et systèmes, pour à la fois exister en Europe et ne pas terminer la saison sans qualification européenne pour la première fois depuis 24 ans.
Car même si l’équation est compliquée et entraîne des problèmes, il vaudra toujours mieux cela que pas d’équation du tout…