Cette saison, Coeur de Gone relance sa rubrique Social Club. Avant chaque match à domicile, nous partons à la découverte d’un média suiveur du club adverse. Avant la réception du Zenit, mardi, en Ligue des Champions, nous nous sommes entretenus avec @FootRusse, un compte spécialisé sur le football en Russie. Entretien.
Bonjour, pouvez-vous nous présenter @FootRusse ?
Le compte @Footrusse est né au cours de la Coupe du monde 2018, en Russie. Fan de foot russe depuis mes années passées à Moscou, je trouvais qu’il n’y avait aucun compte dédié uniquement au foot en Russie, comme c’est le cas en Grèce (@footgrec), ou en Pologne (@OwskiMateusz). Certes, il y a Footballski, un site dédié au football des pays de l’est, qui en parle évidemment, mais @Footrusse est là pour aller en profondeur, de la première à la troisième division, ainsi que l’équipe nationale. Nous sommes désormais trois dans l’équipe, et notre objectif est de présenter le foot russe dans son ensemble, et de tenter d’expliquer certaines de ses spécificités culturelles, historiques…
Le championnat russe n’est pas le plus suivi en France, loin s’en faut, comment donner envie à un fan de foot français de suivre ce championnat ?
Le championnat russe est en effet peu médiatisé. C’est un championnat compétitif avec des équipes qui jouent souvent l’Europe (Zenit, CSKA, Krasnodar, Spartak, Lokomotiv) et qui font régulièrement des parcours intéressants en Europe, preuve d’un niveau intéressant. Ce n’est pas pour rien qu’il est 6e au classement UEFA. Les matchs chauds sont aussi nombreux et la ferveur populaire est forte avec des animations ou des tifos sympas ! Les rivalités historiques sont nombreuses. C’est aussi l’occasion de voir de nombreux joueurs talentueux qui passent par la Russie pour se lancer, avant d’intégrer des clubs d’Europe de l’Ouest, comme Wilmar Barrios (Zenit), ou Lucas Santos (CSKA). On vous invite forcément à venir suivre notre championnat via la chaine YouTube de la Russian Premier Liga avec les meilleures affiches chaque week-end en direct.
En 2018, la Russie et ses stades flambants neufs accueillaient la Coupe du Monde. Un peu plus d’un an après, quel bilan peut-on faire sur les conséquences du Mondial sur le football en Russie ?
D’un point de vue international, la Coupe du monde a prouvé que la Russie était capable d’organiser une compétition majeure à grande échelle. Les JO d’hiver de Sotchi (en 2014, ndlr.) ont été réussis, mais la ferveur populaire n’est pas aussi grande qu’une Coupe du monde de foot. Elle a aussi montré un visage positif de la Russie dans un contexte de relations internationales tendues (Ukraine, Syrie…). D’un point de vue national, elle a permis un développement des infrastructures foot à travers le pays. Il est regrettable que certains stades comme Saransk, Kaliningrad ou Nizhny Novgorod n’hébergent que des clubs de deuxième division, mais le pays a désormais des installations de top niveau. Et puis la sélection nationale a fait bonne impression en éliminant l’Espagne, et en perdant face à la Croatie aux tirs au but. Un moyen de redorer le blason d’une sélection qui décevait depuis sa demi-finale de l’Euro 2008.
« Le retour du Zenit en Champions League est très attendu par les supporters »
Parlons désormais de la rencontre de mardi. Le Zenit est actuellement 2e du championnat*, avec une seule défaite pour le moment. Comment jugez-vous le début de saison du Zenit ?
Costaud et sûr de lui ! Le Zenit s’est renforcé cet été avec un bon recrutement, et les pièces fortes de la saison dernières sont toujours là, avec un bon niveau. Ils ont un onze assez clair qui évolue en 4-4-2 avec une animation offensive intéressante, avec les apports des latéraux, Dzyuba en appui avec Azmoun qui prend la profondeur, et Driussi qui vient dans le cœur du jeu. Ce dernier sera absent, blessé, tout comme Malcom, récemment arrivé du Barça. Le Zenit a retrouvé le titre la saison passée, retrouve la Ligue des Champions cette année. Ils sont en confiance avec des mecs solides comme Ivanovic, Rakitskiy, Dzyuba, et des plus jeunes très prometteurs tels que Barrios, Douglas Santos, Azmoun.
À Lyon, on se souvient du Zenit 2015, qui avait battu l’OL à deux reprises en phase de poules de Ligue des Champions, comment a évolué le club ces quatre dernières années ?
Le club a bien changé, l’époque des Hulk, Witsel, Garay, Danny … est terminée. Il y a eu une succession d’entraineurs depuis : Lucescu, Mancini, qui n’ont malheureusement pas été une réussite sportive, en plus des différents avec l’ancienne direction. Maintenant Semak est là depuis la saison dernière. C’est le retour avec un entraineur russe qui connait la maison, et un changement de direction qui a fait le plus grand bien. L’ancien directeur du recrutement de Manchester United, Ribalta, est arrivée en tant que directeur sportif, et changement de président en février 2019, avec l’arrivée d’Alexander Medvedev, qui est aussi le vice-président de Gazprom. L’équipe s’est donc reconstruite. Un changement de direction, une gestion financière plus saine, un développement des structures, avec le nouveau stade, un nouveau siège social, une modernisation du centre d’entrainement et de l’académie, et voilà désormais un Zenit de retour aux avant-postes au niveau national, et un retour en Champions League très attendu par les supporters.
« Une autre place que premier ou deuxième serait un échec pour le Zenit »
À Lyon, par rapport aux confrontations de 2015, il ne reste plus qu’Anthony Lopes et Rafael. Et au Zenit ?
Il reste trois joueurs, Kerzhakov, le gardien remplaçant, qui avait été titulaire en 2015, Oleg Shatov et Artem Dzyuba. Ce dernier sera évidement titulaire mardi ! Et il avait mis trois buts en deux matchs contre l’OL.
Que pensez-vous d’Emanuel Mammana, passé par Lyon avant de rejoindre le Zenit en 2017 ? Confirme-t-il les espoirs placés en lui à son arrivée en Europe ?
Mammana est sans nul doute un excellent défenseur, avec une bonne qualité technique. Malheureusement, il n’a pas été épargné par les blessures. Et notamment une rupture des ligaments croisés du genou, qui l’a écartée des terrains toute une saison, et où il est difficile de revenir à son meilleur niveau ensuite. Il joue peu depuis, car ce n’est jamais évident de modifier une défense, surtout pour un club comme le Zenit qui se doit d’être toujours au top. Il revient petit à petit, il était en passe de partir cet été, mais Sergei Semak a mis son veto, il compte sur lui. La charnière du Zenit, Rakitskiy-Ivanovic, n’est plus toute jeune. Mammana est donc un futur titulaire au Zenit, et c’est ce pourquoi il est resté. Il ne faut pas oublier qu’il n’a que 23 ans.
« Pour les fans, un quart de finale est envisageable »
Quelles ont été les réactions des fans du Zenit en voyant le tirage et Lyon comme adversaire ? Comment est vu l’OL en Russie ?
Satisfait et serein, je crois qu’une autre place que premier ou deuxième serait un échec. Le groupe est relevé, les quatre équipes sont plutôt proches, le moindre point aura son importance, et la capacité des clubs à gérer l’enchainement des matchs le sera aussi. Mais il faut le dire, c’est un très bon tirage pour le Zenit. Il ne faut pas oublier que les retombées économiques pour une qualification en 1/8ème sont importantes, et la machine financière qu’est le Zenit ne se privera pas de ça. Le fair-play financier oblige aussi à avoir des résultats au niveau européen. Ce groupe est vu comme une aubaine de réaliser quelque chose de très bien, sportivement et économiquement.
Selon vous, qui est le favori de ce match et pourquoi ?
Compliqué a dire, le Zenit retrouve la Champions League, avec un gros effectif. Mais on a vu ce que Lyon a fait l’an dernier… Donc je ne crois pas qu’il y ait de favori, et dans les six matchs de groupe, je crois qu’aucun club ne sera favori sur aucun match.
Quels sont les objectifs du Zenit cette saison en Ligue des Champions ? Quels clubs voyez-vous passer la poule ?
Au minimum sortir des poules. Donc un 1/8ème de finale c’est l’objectif, pour les fans un quart de finale est envisageable. C’est difficile de sortir deux noms tout de suite. Dans ce groupe, je crois que la gestion de l’enchainement des matchs va être importante. Il faudra voir la situation en championnat de chacun aussi. Le groupe est bien trop homogène pour sortir deux clubs, alors que ce n’est pas encore commencé.
Quel est votre pronostic pour OL-Zenit ?
Une victoire russe, évidemment !
Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à @FootRusse pour la suite ?
De continuer à faire partager au mieux notre passion pour ce pays et son football, de faire en sorte que la Russie soit considérée comme un championnat intéressant au même titre que le Portugal ou les Pays-Bas.
Un grand merci à l’équipe de FootRusse pour leur participation. Bon match à eux mardi… mais pas trop quand même !
*Entretien réalisé avant les rencontres Amiens-OL (2-2) et Zenit-Arsenal Tula (3-1) de vendredi.