Un bouleversement. Le but (salvateur) de Bensebaini en demi-finale de Coupe de France a fait basculer l’OL dans une nouvelle dimension. Exit Bruno Genesio, la légende Juninho est revenue et a amené dans ses bagages Sylvinho, ex-adjoint de Tite en Seleção, pour lui donner son premier costume d’entraineur. Un coach sans expérience, ne parlant pas français. Un pari risqué, « attendu au bazooka » par certains détracteurs.
La première prise de parole de l’ancien Gunner annonce la couleur. « Je veux jouer en 4-3-3. Je veux jouer dans le camp adverse avec un jeu offensif. Je veux jouer au football avec inspiration et âme. Le meilleur joueur de notre équipe est Lyon ! » affirmait-il. Avant d’enchaîner, « je ne contrôle pas les résultats mais je contrôle le travail. Je peux l’assurer, on va beaucoup travailler ». Un gouffre – déjà – entre lui et son prédécesseur.
Et le nouveau directeur sportif de lui emboîter le pas : « J’adore gagner. Les supporters ont envie de voir de nouveaux trophées. […] j’aimerais bien également disputer une finale de Coupe et gagner un trophée. ». « Dans le passé, on a accepté une certaine distance avec le PSG. On doit la réduire » termine-t-il.
Exigence, rigueur, ambition. Des principes trop longtemps oubliés dans la Capitale des Gaules. Le Président Aulas était ému aux larmes pendant la conférence, les supporters aussi.
Le Président, donc, ne chôme pas. Ses devoirs sportifs délégués à Juninho, il peut à nouveau montrer ce qui a toujours fait sa force. C’est un visionnaire. Le rapprochement avec Tony Parker, légende des Spurs est un premier coup, l’entrée de son club dans le capital de l’ASVEL le second. Les prémices d’un groupe OL omnisports ? Probablement.
Il envisage, fidèle à lui-même, d’utiliser la renommée du quadruple champion NBA pour promouvoir l’image de Lyon à l’international. Avec en ligne de mire, la création d’une franchise de football féminin aux USA.
Il pourrait, du haut de ses 70 ans, s’assoir et contempler l’empire qu’il a bâti. Jean-Michel Aulas n’en fera rien, et s’il a concédé qu’il réfléchissait à sa succession, il a encore de grands projets pour son OL.
Quid du sportif alors ? Il faut laisser au nouveau coach le temps d’imposer sa philosophie. Un changement de cette ampleur ne se fait pas en un jour.
Cette nouvelle organisation semble néanmoins avoir ramené la tranquillité du côté du Parc OL. Les supporters se réjouissent d’un mercato rapide et efficace, d’une communication enfin digne d’un club du Top 20 européen et d’ambitions retrouvées. L’osmose est – pour l’instant – totale.
L’objectif principal est martelé à chaque occasion. Jouer la Champions League et empocher sa formidable manne financière. Plutôt logique tant celle-ci est vitale pour un club, nos amis des Bouches-du-Rhône ne nous contrediront pas. Mais cette Champions League, Lyon ne la gagnera pas. Du moins pas cette année. Que faire alors ? Se contenter d’éliminations rapides ? Cette Coupe d’Europe là est hors de portée. L’autre en revanche… Imaginons le scénario. L’OL hérite du groupe de la mort, celui promis à chaque campagne de C1. Auteurs de belles prestations, les hommes de Sylvinho terminent 3èmes avec les honneurs et visent alors la victoire finale en Europa League… Allier réussite financière et véritables ambitions de trophées, le scénario est idéal mais bien utopique.
Utopique, comme la perspective d’aller chercher un 8ème titre national. Cet OL est puissant, mais doit être conscient de son niveau. Il n’a pas encore la fantastique génération de Monaco et le PSG est bien plus fort que celui que Montpellier a fait tomber en 2012. Mais cet OL ne doit plus se réjouir d’une 3ème place, ni de qualifications en CL acquises grâce aux succès des autres. Cet OL doit mettre le PSG sous pression, lutter pour le titre. Pour son bien, pour celui du championnat et même du PSG, dont les échecs européens sont justifiés par l’absence d’un concurrent en L1. Ce concurrent doit être L’OL, pas Lille ou Monaco qui ont pour seul projet de faire du trading de joueurs, ni Marseille dont le Champions Project n’est plus qu’un lointain souvenir.
Les Coupes Nationales ont, elles, souvent été affichées comme des objectifs plausibles. Puis très vite décontenancées. « Coupe en bois » disait Aulas pour qualifier la Coupe de la Ligue. Une Coupe en bois qui pourrait garnir une armoire à trophées désespérément fermée depuis 2012. Rarement éliminé par des cadors, l’OL de Genesio se heurtait finalement à ses propres contradictions. Strasbourg, Montpellier, Caen… Année après année, déception après déception, les choses ne changeaient pas. Ironie du sort, c’est une énième désillusion en coupe qui a précipité la chute de l’ex-coach lyonnais.
L’OL doit maintenant assumer sa place de second club français, et ne plus se contenter des miettes de ses concurrents. Les dirigeants se sont voulus conquérants, puis mesurés. L’OL va changer, mais cela prendra du temps. S’il fallait fixer des objectifs, finir deuxième, faire un bon parcours en CL et essayer de gagner une Coupe semble être le minimum pour un club de ce standing. Des objectifs récurrents, avant de réellement changer de dimension ?
Par Hicham A.
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