Une victoire à l’arrachée contre Nancy en Coupe de France, un match nul à domicile face à Angers pour le retour de la Ligue 1, l’année 2018 de l’OL commence comme 2017 avait terminé : avec beaucoup de difficulté. Malgré des qualifications en seizièmes de finale de la Ligue Europa et de la Coupe de France, et un podium en Ligue 1, tout ne va pas si bien du côté de l’Olympique Lyonnais. On dit souvent qu’il ne faut pas s’inquiéter lorsque le contenu est bon mais que les résultats ne suivent pas. En ce moment, à Lyon, c’est l’inverse. Et de l’inquiétude, il y en a.
Dimanche 14 janvier, 18h54. Au Groupama Stadium, Monsieur Schneider siffle la fin de la rencontre. L’OL concède le nul 1 but partout face au 19e du championnat avant cette partie, le SCO d’Angers. Encore un résultat médiocre, concédé à domicile, face à une équipe bien regroupée, et qui joue avec ses armes, mais que l’OL ne sait pas perturber. Car le plus grand souci est là. Au niveau du jeu. Comme si la philosophie lyonnaise s’était évaporée. Partie en fumée.
Quand Bruno Génésio, en début de saison, dévoilait son plan de jeu pour l’OL, on ne s’attendait franchement pas à une révolution. Un bloc bas, qui évolue en attaque rapide, voilà ce que le tacticien lyonnais désirait pour son OL. Oui mais voilà, cette philosophie de jeu ne correspond ni à l’ADN du club, ni à ses joueurs, et encore moins à une équipe qui vise un retour en Ligue des Champions la saison prochaine. Jouer bas et contrer, sans se préoccuper de faire le jeu, et ce malgré tous les talents dont Bruno Génésio dispose, cela ne peut pas fonctionner face à des équipes regroupées, pas besoin d’être master en management pour le deviner.
En plus d’être inefficace, cette tactique ennuie. Se souvient-on de tels propos, lorsque l’OL de Rémi Garde finissait cinquième de Ligue 1 ? Avec un effectif limité, et malgré des résultats en demi-teinte, cet OL nous faisait vibrer. Parce qu’il allait de l’avant, jouait ensemble, adhérait à un projet de jeu qui correspondait à ce que l’OL a toujours fait. Aujourd’hui, l’OL est à la lutte pour la deuxième place du championnat, grâce à une série de victoires en octobre et novembre, mais c’est bien la seule satisfaction de la saison. « On a vu du joli football », voilà une phrase bien trop peu entendue du côté de Décines cette saison…
Car des victoires, l’OL en a enchaîné. Surtout hors de ses bases, quand les adversaires, comme à Nice ou à St Etienne, ne refusaient pas le jeu, et jouaient leur chance à fond. Dans ce cas, le talent lyonnais, et les espaces libérés, faisaient la différence. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’OL est plus performant à l’extérieur que dans son stade, avec 19 points pris au Groupama Stadium contre 23 en dehors. Faire le jeu, l’OL ne sait plus faire. Et c’est bien un des chantiers principaux. Car si les résultats ne tiennent qu’à un fil, le jeu produit, lui, n’est plus du tout séduisant.
Des résultats en écran de fumée, des statistiques en trompe l’œil. Face à Angers, dimanche, la première période des Gones fut insipide. Et si les statistiques représentent un outil indispensable dans le football moderne, elles ne veulent pas tout dire. A la pause, l’OL est revenu aux vestiaires avec 72% de possession de balle, et 88% de passes réussies. Une domination écrasante de l’OL qui roulait sur un Angers dépassé ? Pas vraiment. Plutôt une possession stérile des Lyonnais, qui, entre deux pertes de balle, enchaînaient les passes verticales au niveau de la ligne médiane. Pas de quoi fanfaronner. Et c’est bien Angers qui, dès la récupération du ballon, se projetait en bloc vers la cage d’Anthony Lopes, et mettait à mal la défense lyonnaise, souvent dépassée. Si la seconde période fut meilleure, on est bien loin de voir l’OL séduisant, mais plutôt fébrile à chaque accélération adverse, et qui a bien du mal à se rapprocher des buts, gardés dimanche par Ludovic Butelle.
Comment est-ce possible de ne pas produire du beau football avec Fekir et Aouar dans l’entre-jeu ? Pourquoi systématiquement se priver de Ndombele, qui change radicalement le visage lyonnais dès qu’il est sur le terrain ? Comment accepter autant de fébrilité face à des équipes mal classées ? Comment accepter que le septuple champion de France, adepte du beau jeu, ennuie tout un stade, qui ne demande qu’à vibrer ? Autant de questions que l’on se pose, et qui, pour beaucoup de suiveurs du club, restent des énigmes…
Et que l’on ne nous parle pas de l’envie, cette notion utilisée comme excuse par de nombreux techniciens. Bien évidemment que les joueurs ont envie de jouer, de gagner, de disputer la plus prestigieuse des Coupes d’Europe, de soulever des trophées. Viser la motivation, viser les fautes adverses, et s’en servir comme excuse pour expliquer le mauvais résultat, cela ne fait que déplacer le problème, sans résoudre les véritables soucis. Si l’OL a autant de difficulté à imposer son jeu, cela n’est en rien à cause de l’agressivité adverse, et encore moins dû à un manque de motivation. Les Gones ne peuvent pas se contenter de si peu…
À l’aube de rencontres très importantes qui pourraient changer la saison de l’OL, dans un sens comme dans l’autre, Bruno Génésio doit trouver les clés tactiques, afin de changer le visage de son équipe. Sans un meilleur contenu, les résultats ne suivront plus. C’est bien de s’inspirer de Guardiola, c’est mieux de faire jouer son équipe vers l’avant, avec mouvement, fougue, et maîtrise. Les supporters n’attendent que ça…