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Sous le feu des critiques, l’entraîneur de l’OL, Bruno Genesio a reproché à ses détracteurs l’absence de jugement nuancé à son égard. L’occasion nous est donné ici de revenir sur l’évolution de la « méthode Genesio » depuis sa prise de fonction en janvier 2016.

A la tête de l’OL depuis un an et demi, Bruno Genesio possède un bilan contrasté : si ses six premiers mois dans cette fonction se sont soldé par une réussite incontestable, avec cette deuxième place arrachée l’an passé au finish, la suite aura été plus compliquée. Le bilan strictement mathématique est guère reluisant pour sa première saison pleine : écarté du podium, éliminé de toutes les compétitions, l’Olympique Lyonnais ne disputera pas la vitale Ligue des Champions l’an prochain. Le bilan de ses deux exercices est cependant à nuancer notamment en ce qui concerne les résultats en championnat : l’an passé, la Ligue 1 était extrêmement faible, quand elle a été d’un niveau historiquement haut cette saison. Pour preuve, l’OL a déjà dépassé son total de points par rapport à l’exercice écoulé. 

Cette nuance au niveau du bilan ne doit pas occulter la faiblesse de ce dernier. La  réussite de sa demi-saison dernière est corrélée avec un calendrier relativement aisé (un match par semaine, sans Coupe d’Europe), au retour de Samuel Umtiti, et d’un formidable esprit né de l’arrivée dans le nouveau stade. Et la saison pleine écoulée s’est soldée, par une absence de résultats, et -surtout- une absence totale de jeu. C’est ce qui a provoqué une colère intense chez une frange de plus en plus importante des supporteurs lyonnais. 

Des principes forts qui remettent l’OL en marche 

Cependant, Genesio n’a pas toujours privilégié les résultats au jeu. Dès son intronisation en tant que coach rhodanien, l’ancien milieu de terrain a affiché ses convictions : un 4-3-3 fort et offensif, accompagné d’un pressing haut et intense, et d’une forte participation des latéraux. Ce changement a occasionné une modification du jeu de l’OL, beaucoup plus séduisant au début de l’ère Genesio, et ce malgré des résultats compliqués (défaites à Saint-Etienne et Bastia, notamment). Surtout, Lyon a gardé son identité de jeu, faite de passes courtes, de redoublements dans les petites espaces, et de domination de l’adversaire. Ainsi, en prônant un changement dans la continuité, Genesio a relancé l’OL. Fort de ses principes, avec notamment ce côté « rouleau compresseur » inarrêtable, il a balayé Paris (2-1) et surtout Monaco (6-1) pour offrir la deuxième place au club rhodanien. 

Pour autant, le travail de ce dernier fut loin d’être parfait : la gestion de certains joueurs, dont Sergi Darder, interpelait, déjà. Tout comme certaines compositions d’équipes, à l’image de celle qui a perdue à Lille, en 4-2-3-1… De plus, il a eu tendance à faire les bons choix quand ceux-ci étaient par défaut : la victoire face au PSG, avec un milieu Ferri-Darder de haut niveau, alors que ceux-ci ne devaient leur place qu’aux absences des titulaires habituelles, en est la preuve la plus convaincante. D’une manière plus globale, on pouvait résumer le technicien rhodanien comme un entraîneur avec des idées intéressantes, mais à la connaissance tactique encore trop limité pour un club aux ambitions dévorantes comme c’est le cas de l’Olympique Lyonnais. Encore trop dépendant de ses individualités, l’équilibre du système Genesio reste fragile, le début de saison 2016-2017 va le montrer. 

Le début de l’exercice actuel est pourtant intéressant dans le jeu, et Genesio semble avoir trouvé son équipe type articulée autour du trio Tolisso-Gonalons-Darder au milieu de terrain. Mais après deux succès, et une très bonne première mi-temps à Dijon, l’OL explose après la blessure de Lacazette. Défait par les Bourguignons (4-2) puis par Bordeaux (1-3), le coach rhodanien opte alors pour un 3-5-2 (ou 3-5-1-1) en gardant certaines idées de jeu. L’enchaînement de défaites post-derby, à Nice (2-0), puis face à la Juve (0-1) et Guingamp (1-3) va faire voler en éclat la volonté idéologique de jeu de Genesio, au profit d’un pragmatisme lié à la pression du résultat. 

Le tournant pragmatiste à Toulouse 

Acculé, l’entraîneur lyonnais aligne un 4-2-3-1 à Toulouse, alors en pleine bourre, se passant de Sergi Darder, au profit de quatre attaquants (Cornet, Fekir, Ghezzal, Lacazette). Si l’option peut paraître plus offensive, elle permet surtout d’avoir une base arrière plus solide, en théorie. Au terme d’une prestation indigeste, l’OL arrache la victoire au Stadium. Fort de ce succès, Genesio reconduira ce système pratiquement sans discontinué jusqu’à la trêve, notamment après le nul contre Séville en 4-3-3 (0-0). La raison de ce basculement ? Bien que produisant un jeu guère reluisant, Lyon enchaîné les succès dans ce système contre Bastia, ou Rennes par exemple. Et surtout à Monaco (1-3), où l’OL a basculé définitivement vers le 4-2-3-1

L’idée n’est en effet, plus de produire du jeu, d’avoir une idée, une volonté commune de construire quelque chose, c’est désormais de gagner, de remonter au classement, de sauver sa peau. Le double-pivot Gonalons-Tousart est censé apporter de la stabilité défensive, et laisser la possibilité aux individualités de se débrouiller pour marquer : tel est le nouveau système de l’OL, la nouvelle vision de Genesio. 

Une perte d’identité

La transformation se voit dans les compositions : alors qu’il n’hésitait pas à aligner deux relayeurs très offensifs à ses débuts, comme l’association Darder-Grenier contre Marseille (1-1), Genesio aligne désormais deux purs milieux défensifs. Cette recherche maladive d’un équilibre qu’il n’a jamais trouvé a forcé Genesio à transformer l’identité de jeu de l’OL, son ADN. Le cas de Matthieu Valbuena est éloquent. Comme déjà expliqué lors d’un précédant article, la  « réussite » de l’ex-marseillais prouve la perte du « jeu lyonnais » fait de passes courtes, et de combinaisons dans les petits espaces, auquel Valbuena était incompatible. Désormais, ses multiples touches de balle ne sont plus un problème puisque l’OL ne compte plus que sur ses individualités pour briller. 

Si la saignée peut-être stoppée, la conférence de presse de ce jeudi matin n’apporte guère d’optimisme. En effet, Bruno Genesio a annoncé qu’il comptait construire autour d’un 4-2-3-1 l’année prochaine. La perte d’identité de jeu, visible sur le terrain, pourrait ainsi avoir une conséquence sur l’effectif. Le mercato est dans ce sens un problème étant donné que le club devrait construire selon les principes démontrés cette saison. L’achat de Memphis additionné au départ de Grenier était une première indication. Les départs annoncés de milieux comme Darder ou Ferri, incompatibles avec le système et le style de jeu actuel, en plus de celui de Tolisso, en est une autre. Genesio façonne donc un effectif à l’image de son néo-pragmatisme, ce qui pourrait avoir des conséquences à long-terme, bien après le départ du technicien controversé.  

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